Les guerres
Au cours de la deuxième guerre mondiale, les Allemands se trouvèrent rapidement aux abords de Moyenvic. De violents combats eurent lieu les 16 et 17 juin 1940. C’est le bataillon du 348 R.I qui combattit à Moyenvic. Il défendit avec acharnement notre village. Mais la pression de l’ennemi était trop forte.
Le 15 juin, les avions reprirent les bombardements. Les habitants passèrent l’après-midi à l’abri dans les caves. Les troupes françaises revinrent. Une habitante qui avait refusé de se protéger est tuée derrière sa porte par une balle perdue.

Les Allemands occupaient à nouveau notre village, une trentaine d’années après la longue période de l’annexion. (1870-1918)
La cohabitation sera cette fois-ci beaucoup moins longue. En effet, quelques mois plus tard, les Moyenvicois furent expulsés.(voir l’article "Moyenvic en Lauragais"
Un monument en mémoire des soldats qui perdirent la vie en défendant Moyenvic en ce mois de juin 1940 fut érigé sur les lieux même des combats, le 5 septembre 1950.

La commune baptisa une de ses rues du nom d’Albert Denis, soldat qui périt le 17 juin 1940 près du pont de la Seille.
L’annexion de Lorraine est une des premières conséquences de la capitulation du gouvernement de Vichy en 1940. Les autorités allemandes, après un période de cohabitation délicate avec la population moyenvicoise (partage des pièces dans les maisons, entourloupes faites par les jeunes du village aux soldats allemands,vols d’armes, de matériel...)décident d’effacer toute trace française sur le territoire annexé.
La proposition suivante est alors faite à tous les chefs de famille : Maintenant que la Lorraine est allemande, Hitler vous offre deux possibilités ; si vous acceptez de devenir de bons Allemands, vous restez, vous gardez vos biens et levez le bras et dites "Heil Hitler", ou alors, vous refusez et vous partirez en emportant 2000 francs et 30 kg de bagages et laisserez tous vos biens.

30 kilos de bagages par personne. C’était très peu. Le 18 novembre, c’est en bus que les habitants quittèrent le village.
Après un périple en train de plusieurs jours, ils arrivèrent à Villefranche de Lauragais, petite ville de Haute-Garonne à quelques kilomètres de Toulouse. Les familles furent réparties dans Villefranche et dans les localités voisines de Cessales, Vallègue, Lux, Montgaillard, Gardouch, Vieillevigne et Renneville. Les communes avaient organisé des réceptions et des repas en l’honneur des réfugiés qui étaient regardé un peu comme des bêtes curieuses. Mais quand les gens ont su qu’ils avaient abandonné tous leurs bien pour garder la nationalité française, le respect collectif leur était acquis.

Au début, l’adaptation fut difficile. Le traumatisme de l’expulsion restait très présent et puis peu à peu la vie a repris le dessus. Pendant cinq années, les Lorrains ont vécu loin de leur terre à peu près normalement. Certains ont même rencontré l’âme soeur et se sont mariés.

Et tout naturellement, lorsqu’il a fallu baptiser les nouvelles rues du lotissement, le nom de Lauragais s’est imposé à tous.
C’est entre le 8 et le 12 novembre 1944 que Moyenvic a été libéré de l’occupation nazie par l’armée américaine. Nous avons sur ce site fait le récit de cette terrible bataille qui fit près d’un millier de morts en quatre jours dans notre village. ( cf article "8-11 novembre 1944" dans la même rubrique) Nous voudrions aujourd’hui mettre en lumière un épisode singulier de ce conflit : l’entrée en guerre, sur la ligne de front des premiers soldats afro-américains. A l’époque le contexte est encore celui de la ségrégation. Au début de la seconde guerre mondiale, les Afro-américains n’ont pas le droit de monter au front et ils sont cantonnés à des tâches d’intendances (cuisiniers, agents d’entretiens...) Au fur et à mesure de l’avancement du conflit, les lourdes pertes subies par l’armée US convainquent les dirigeants américains d’ouvrir les rangs de ses troupes aux noirs. La création d’un bataillon entièrement constitué de soldats de couleur témoigne du racisme ambiant. Ce sera le 761st Tank Bataillon, dont l’insigne comportait une panthère noire.
Le hasard a voulu qu’après avoir débarqué en Angleterre et traversé la France cette unité soit partie au combat depuis Saint-Nicolas de Port où elle stationna du 26 octobre au 8 novembre. Ses premiers faits d’arme, elle les réalisa à Moyenvic lors de la bataille évoquée plus haut dans cet article.
36 officiers et 593 hommes du rang noirs participèrent donc à la libération de Moyenvic. On notera parmi ces soldats l’attitude d’un en particulier aux abords de Salival : Warren Crecy.
Après que son tank fut détruit par les tirs ennemis, il prit les commandes d’un autre véhicule armé seulement d’une mitrailleuse calibre .30 afin de liquider les servants du canon qui avait détruit son tank. Sous un feu nourri, il s’occupa ensuite des observateurs d’artillerie qui dirigeaient les tirs qui maintenaient l’infanterie américaine clouée au sol.

Plus tard, le même jour, il s’exposa à nouveau aux balles des Allemands afin de nettoyer des nids de mitrailleuses et une position anti-char. On eut fort à faire pour le séparer de sa mitrailleuse à la fin de cette journée. Warren Crecy avait été marqué par le décès de son bon ami Horatio Scott, il combattait avec rage. Tout comme Rommel et Guderian, il ne craignait pas de sortir le haut de son corps de la tourelle. Leonard Smith : « Il n’avait peur de rien. Il disait : Dites-moi où ils sont et je vais les avoir ! » Johnnie Stevens raconte comment il s’est attaqué seul à trois chars allemands par des manoeuvres habiles de déplacements. Il mérite pleinement son titre « d’homme le plus craint » de la 761st. Ses compagnons pensent qu’on aurait au moins pu lui décerner la Médaille d’Honneur !
Après la guerre, les valeureux tankistes ont encore longtemps fait les frais de l’esprit ségrégationniste régnant en Amérique.
La reconnaissance de la Nation s’est fait attendre. Ce n’est qu’en 1978 que le Président Carter accorda enfin la récompense suprême à ce 761st Black PantherTank Bataillon dont le destin restera à jamais lié à celui de notre commune.
- Nuit du 7 au 8 novembre 1944, 3H00

- 8 novembre 1944, 6H00
Chaque bataillon, compagnie, peloton des trois régiments d’infanteries connaît son objectif et les cheminements pour se placer en face au plus près, en vue de l’assaut. Depuis un mois, leurs Etats-Majors et chefs d’unités ont eu le temps de se préparer à enlever par surprise très vite la première ligne d’avant-postes qui est connue. A 6 heures, dans un ensemble parfait, sur toute la ligne du front de la 26ème DI US, les compagnies d’assaut s’élancent. Partout c’est la charge à la baïonnette, les combats à la grenade et au corps à corps, avec cette fougue légendaire que l’infanterie américaine a inscrite dans l’Histoire de la Première Guerre Mondiale. Le 104ème RI du Colonel D.T. Colley enlève Vic-sur-Seille après un violent et bref combat et réussit à prendre les ponts et points d’appuis fortifiés que la 361ème Volkgrenadierdivision n’a pas le temps de détruire complètement avant de retraiter. Pendant ce temps, le 2ème bataillon (Lt Colonal B.A. Lyons) du 101ème RI attaque et enlève le pont intact de Moyenvic, alors que le premier bataillon (Lt Colonel L.M. Kirk) lance des attaques de diversions sur Xanrey qu’il prend.
- 8 novembre 1944, 9H00
L’attaque surprise sur Moyenvic est réussie. Le 2ème B/101ème CT a nettoyé le village maison après maison transformée en forteresse par la 361ème Volksgranadierdivision avec pour résultat cinq cent quarante deux prisonniers et tout un bataillon ennemi détruit. Sans attendre, l’artillerie divisionnaire pilonne la côte 310 (côte Saint-Jean) tenant les routes Moyenvic-Château-Salins et Moyenvic- Dieuze sous ses feux et objectif principal de la 26ème DI US. La côte Saint-Jean, fortifiée depuis 1914, tient l’entrée du plateau de Morhange et est alors tenue par le 953ème volksgrenadierégiment de la 361ème volksgrenadierdivision et le 361ème bataillon de pionniers. Elle est truffée de tranchées et de positions de nombreux mortiers et nids de mitrailleuses et renforcée par une batterie de six canons de 105 mm horzwillers. C’est la position principale de la 361èmè Volksgrenadierdivison.
C’est à l’infanterie d’assaut du 101ème CT de l’enlever sous la protection d’un lourd barrage roulant d’artillerie, pour permettre aux blindés de la 4ème DB US de progresser sur les deux axes routiers. Et pour cela il faut d’abord atteindre ses contreforts et l’encercler. Alors que les compagnies E et F du 2ème B/101ème CT avancent, elles sont violemment prises à partie par un tir de barrage en provenance de Marsal encore tenu par l’ennemi, qui stoppe l’assaut en désorganisant les deux compagnies, infligeant à la compagnie E, tête d’assaut, de nombreuses pertes.
- 8 novembre 1944, 11H00
Les compagnies d’assaut E et F sont réorganisées et renforcées par la compagnie G. Le 2ème B/101ème CT reprend sa progression vers la côte 310. Pendant ce temps, les 101ème et 104ème CT organisent la ligne de la Seille , déminent à tour de bras, et les bataillons de génie attachés à la 26ème DI US réparent les ponts sur la Seille et préparent le passage des combats commands de la 4ème DB US. Au début de l’après-midi, le 3ème B/101ème jusque là en réserve est engagé pour soutenir l’action du 2ème B/101ème CT sur la côte Saint-Jean. Très vite il est stoppé par un tir de barrage en provenance du haut de la crête où se trouve l’artillerie de la 361ème V. Gren. Div.. Sous un déluge de feux, artillerie, mortiers, mitrailleuses, qui va durer vingt minutes, encore une fois l’attaque du 101ème CT est désorganisée, les pertes sont sensibles et les actes d’héroïsme nombreux sur cette terre de la petite Seille aux coupures d’eau multiples et transformée en marais. Alors que de furieux combats se déroulent pour la prise de la côte Saint-Jean toute la journée, à la droite du 101ème CT, le 328ème CT (Colonel B.R. Jacobs) enlève facilement Bezange-la-Petite et Moncourt et fait de nombreux prisonniers parmi les six compagnies du 952ème Volksgrenadierégiment tenant ce secteur, ouvrant la porte de Dieuze, Benestroff, Mittersheim.
- Nuit du 8 au 9 novembre 1944
Dans la nuit, le bataillon de pionniers de la 559ème V. Gren.Div. quitte Château-Salins et vient renforcer les défenses de la côte Saint-Jean alors que l’Etat-Major de la 26ème DI US dresse un nouveau plan d’encerclement de ce point d’appui principal sud de la vaste forêt de Bride, et Koeking déployée au Nord-Est, entre Château-Salins et Dieuze. Ce vaste massif forestier aux nombreuses côtes entièrement fortifiées que le 20ème corps d’armée du Général Foch n’a pu enlever en août 1914 et qui fut une des causes principales de l’échec de la bataille des frontières, est bien le verrou Sud du pays d’Albe.
- Journée du 9 novembre 1944
Devant les difficultés rencontrées par la 26ème DI US pour enlever la côte Saint-Jean et poursuivre sur la forêt de Bride Koeking par une frontale, tout en s’appuyant sur la vallée de la haute Seille conquise brillamment par surprise, dans la nuit, le Général Eddy commandant le 12ème corps a dressé un nouveau plan de pénétration. Tout en continuant l’attaque frontale pour encercler la côte Saint-Jean par son 10ème CT, le 104ème CT placé à gauche va tourner le point d’appui ennemi par son sud-ouest de façon à permettre d’encercler Château-Salins à son nord par la liaison avec la 35ème DI US attaquant au centre du corps d’armée, à l’ouest de la forêt de château-Salins. Au matin du 9 novembre, le 1er B/101ème CT jusque là en réserve à Juvrecourt, sort de Moyenvic qu’il a atteint dans la nuit et tente d’envelopper la mont Saint-Jean par son sud-ouest, mais est stoppé à hauteur de Moulin Neuf par les tirs de Panzer ennemis tenant la bas de la côte. Le 3ème B/101ème CT réussit a enlever le ravin conduisant à Salival et tient cette position clé, par deux compagnies. Il vient de percer les défenses ennemies à la jonction des 559ème V. Gren. Div. tenant ce secteur à la retraite. A la même heure, le 104ème CT du Colonel D.T. Colley, parti de Vic-sur-Seille, attaque les défenses sud-est de Château-Salins en direction de Morville-les-Vic et force les unités de la 559èmè V. Gren. Div. tenant ce secteur à la retraite.
Ce premier succès va être exploité par une task force composée de la compagnie K (Captain Charles F. Long), du 104ème CT renforcé par un peloton du 761ème tank bataillon qui atteint Morville-les-Vic à 15H00 et après un violent combat, maison après maison, reçoit l’ordre de poursuivre vers Hampont où le capitaine Long sera tué par le tir d’un obus anti-chars ennemi. Bien soutenue par l’artillerie avec l’aide de son aviation de liaison et d’observation, l’infanterie de la 26ème DI US vient non seulement d’encercler la fameuse côte Saint-Jean, mais de percer la ligne principale de résistance ennemie entre Château-Salins et Hampont, tournant le vaste massif forestier domanial de Bride et de Koeking. Pendant ce temps à son ouest la 35ème DI US vient d’enlever la forêt de Château-Salins et à l’Est le 9ème bomber command attaque le secteur de Dieuze et lance cent dix bombes lourdes. La raison de cette action surprise : à Dieuze se trouve le poste de commandement de la 361ème V. Gren. Div. Du colonel Alfred Philipp, mais aussi un bataillon de réserve, et surtout la 243ème brigade de canons d’assaut. Depuis, l’aviation d’observation a signalé de nombreux renforts arrivant par la route Benestroff, Dieuze. Comme Château-Salins, Dieuze à son est, est un nœud de communications routières important, de là le traitement spécial qui va permettre au 328ème CT de progresser et de le saisir.
- Nuit du 9 au 10 novembre 1944

Devant les succès remportés par son infanterie manœuvrant sur un terrain des plus défavorables, et ayant réussi à percer la ligne principale Est du 13ème SS Armeekorps, le Général Eddy commandant du 12ème corps ordonne au Général Wood commandant la 4ème DB US d’entrer en action suivant le plan prévu. Objectif principal premier : Morhange. Le CCB du Général Holmes E. Dager attaché à la 35ème DI US attaquera à l’Ouest sur l’axe Château-Brehain, Baronville, Morhange. Le CCA du Colonel Creighton W. Abrams soutien de la 26ème DI US le fera sur l’axe Vic-sur-Seille, Hampont, Morhange.
- 10 novembre 1944
Toujours la manœuvre de débordement par les ailes qui va forcer dès le départ la 559ème V. Gren. Div. à « la retraite élastique », créant la rupture du front du 13ème SS Armeekorps. Dans la nuit du 9 au 10, l’ennemi a abandonné Château-Salins qui déjà n’est que ruines. L’artillerie lourde du 401ème Volksartilleriekorps qui vient de prendre position sur la ligne Benestroff, Francaltroff bombarde sans pitié les secteurs abandonnés pour permettre le repli des unités poursuivies de très près.
- 10 novembre1944, 10H55
Le Colonel Abrams, suivant l’ordre reçu, lance CCA 4ème DB US en avant. Dans la nuit, les deux tasks forces ont passé la Seille sur les ponts entre Moyenvic et Vic-sur-Seille. La task force du Major William Hunter (37ème tank battaillon), leader de CCA, attachée au 104ème CT sur Morville-les-Vic ne rencontre qu’une faible résistance de la 559ème V. Gren. Div., mais a des difficultés d’embouteillage sur cette petite route secondaire et perd du temps à se déployer. Pourtant elle poursuit sur Hampont son objectif qu’elle atteindra le 10 novembre au soir. La task force Lieutenant-Colonel Delk M. Oden (35ème tank bataillon), soutient du 101ème CT, attaque Hampont par la route Vic-sur-Seille (le moulin neuf), Château-Salins, soutenant l’attaque du 101ème CT sur la côte Saint-Jean. La percée des blindés n’a pas d’effets immédiats sur la 361ème V.Gren. Div. bien installée défensivement sur la côte Saint-Jean et dans la forêt de Bride-Koeking, soutenue puissamment par son artillerie tenant Marsal et Haraucourt-sur-Seille à son est, malgré les violents tirs de contre-batterie effectués par la 26ème DI US. Si la côte Saint-Jean est entièrement encerclée à sa base par la 26ème DI US, le 953ème V. Gren. Regt. qui a été renforcé par le 361ème bataillon de pionniers de sa division et le bataillon de pionniers de la 559ème V. Gren. Div. voisine, tient fermement ses hauteurs et lance de vives contre-attaques sur ses pentes, pour tenter de se dégager. Après avoir réorganisé ses bataillons, le colonel W.T. Scott commandant le 101ème CT les lance à l’assaut de la crête 310, bien soutenus par l’artillerie et la task force Oden. Le 1er bataillon au départ du bois Saint-Martin, le 3ème bataillon par les crêtes de Koeking. Le soir, la côte Saint-Jean, verrou est de Château-Salins, est aux mains du 101ème CT. Elle a couté la perte de quatre cent soixante dix huit officiers et hommes de troupes morts ou blessés.

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