L’annexion de Lorraine est une des premières conséquences de la capitulation du gouvernement de Vichy en 1940. Les autorités allemandes, après un période de cohabitation délicate avec la population moyenvicoise (partage des pièces dans les maisons, entourloupes faites par les jeunes du village aux soldats allemands,vols d’armes, de matériel...)décident d’effacer toute trace française sur le territoire annexé.
La proposition suivante est alors faite à tous les chefs de famille : Maintenant que la Lorraine est allemande, Hitler vous offre deux possibilités ; si vous acceptez de devenir de bons Allemands, vous restez, vous gardez vos biens et levez le bras et dites "Heil Hitler", ou alors, vous refusez et vous partirez en emportant 2000 francs et 30 kg de bagages et laisserez tous vos biens.

30 kilos de bagages par personne. C’était très peu. Le 18 novembre, c’est en bus que les habitants quittèrent le village.
Après un périple en train de plusieurs jours, ils arrivèrent à Villefranche de Lauragais, petite ville de Haute-Garonne à quelques kilomètres de Toulouse. Les familles furent réparties dans Villefranche et dans les localités voisines de Cessales, Vallègue, Lux, Montgaillard, Gardouch, Vieillevigne et Renneville. Les communes avaient organisé des réceptions et des repas en l’honneur des réfugiés qui étaient regardé un peu comme des bêtes curieuses. Mais quand les gens ont su qu’ils avaient abandonné tous leurs bien pour garder la nationalité française, le respect collectif leur était acquis.

Au début, l’adaptation fut difficile. Le traumatisme de l’expulsion restait très présent et puis peu à peu la vie a repris le dessus. Pendant cinq années, les Lorrains ont vécu loin de leur terre à peu près normalement. Certains ont même rencontré l’âme soeur et se sont mariés.

Et tout naturellement, lorsqu’il a fallu baptiser les nouvelles rues du lotissement, le nom de Lauragais s’est imposé à tous.